Mary Bartlett
Courir contre vents et marées
Par Donald Wade - Avril 2023
Mary Bartlett a eu une longue carrière dans la course, plus de 35 ans, et ne peut pas imaginer sa vie sans elle. Bien qu'elle ait essayé de faire du cross-country à l’intermédiaire et au secondaire, ce n'est qu'au cours de sa deuxième année d'université qu’a vraiment commencé son histoire d'amour avec la course. Comme mère célibataire fréquentant l'UNB avec une fille de deux ans, elle vivait hors campus avec deux colocataires, dont l'une, coureur cross-country de UNB, avait toujours l'air en forme et énergique. « Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer qu’elle était euphorique après la course. Déterminée à éprouver les mêmes endorphines et la même vitalité, j'ai décidé de commencer à courir », a-t-elle admis.
Cependant, Marie n'a pas eu une enfance facile. Jusqu'à l'âge de trois ans, elle a été placée dans des foyers d'accueil. Par la suite, elle a été adoptée par la famille Bartlett et elle a vécu heureuse avec eux pendant dix ans jusqu'à leur séparation. Pendant son adolescence, elle a vécu avec diverses familles jusqu'à sa dernière année du secondaire lorsque sa conseillère en orientation, Carol, a accepté Mary dans sa famille. « Depuis lors, je la considère comme ma mère et ses enfants comme mes frères et sœurs » a-t-elle déclaré.
Malgré son enfance tumultueuse, Mary a eu la chance d'être athlétique et intelligente. Elle aimait le sport et l'école et ses professeurs d'éducation physique ont eu un grand impact sur elle. À 17 ans, elle est tombée enceinte mais elle était déterminée à offrir une vie meilleure à l'enfant qu'elle allait mettre au monde. Avec le soutien sans réserve et indéfectible de Carol, elle a décidé de s'inscrire au programme de Sciences de l’Éducation de l'Université du Nouveau-Brunswick.
Pendant ses études en Sciences de l’Éducation, elle s’entraînait quatre jours par semaine pour suivre le rythme de sa colocataire qu’elle essayait d’imiter. Elle a également rencontré de nouveaux amis coureurs qui sont devenus des amis pour la vie et son groupe de soutien. En août 1993, ses amis l’on encouragée à s’inscrire à la course de 5K de Chipman. Le jour de la course a été étouffant, avec des vagues de chaleur qui faisaient scintiller le trottoir. « À mi-chemin, j’étais prête à arrêter, mais un homme plus âgé qui passait par là m’a exhortée à continuer. Quand j’ai franchi la ligne d’arrivée, j’avais l’impression d’avoir remporté une médaille d’or olympique. En voyant mon temps de 21:44, j’ai su que j’étais accro – j’étais une coureuse », se souvient-elle. Tout le monde au rassemblement d’après-course lui a manifesté un sentiment d’appartenance à une nouvelle communauté composée de ces coureurs « fous ». Elle avait une poussée d’endorphine et un sentiment d’accomplissement et c’était tout ce dont elle avait besoin pour poursuivre le voyage.
Ce qui la motive le plus chez les coureurs, ce sont ceux qui traînent à l’arrière du peloton, ceux qui prennent plus de temps. « Ces coureurs ont eu souvent à surmonter des obstacles incroyables comme le doute de soi ou des problèmes de santé pour pouvoir franchir la ligne d’arrivée. Ce ne sont pas seulement ceux qui finissent en tête de peloton qui me motivent. C’est le courage et la détermination de ceux qui refusent d’abandonner, malgré les obstacles qui se dressent contre eux », a-t-elle dit. C’est peut-être un aveu de sa propre vie puisqu’elle a dû surmonter elle-même des obstacles considérables.
En 1994, elle court son premier 10K et demi-marathon. L’année suivante, alors qu’elle regardait la gagnante du marathon de Boston, Uta Pippig, remporter l’événement une deuxième année consécutive, elle a décidé d’essayer de se qualifier pour la 100e édition du marathon de Boston. La même année, elle a rejoint un entraînement par intervalles à Oromocto avec un entraîneur de course de renom. En mai, elle a participé à son premier événement Cabot Trail, en courant l’étape difficile #4 (Cape Smokey). Le même été, elle a pu courir un 5K à Fredericton et a terminé avec un chrono impressionnant de 19:40. Plus tard au cours du même mois de septembre elle a pris part aux 10K du Timex National Series en Colombie Britannique. Le mois suivant elle a complété son premier marathon à Cap Cod, au Massachussetts avec un chrono de 3:32:26, se qualifiant ainsi pour le Marathon de Boston.
À la fin de la vingtaine, Mary a reçu un diagnostic de trouble d’anxiété. La course est devenue salvatrice, son remède et sa thérapie. Elle lui a servi d’exutoire quand elle n’était pas à son meilleur, la rendant plus forte et plus en phase avec son corps. Elle a appris à développer sa force mentale, à surmonter l’anxiété pour atteindre ses objectifs. « La course à pied m’a aidée à gérer l’anxiété, me permettant de réussir dans tous les domaines de ma vie, y compris le travail et, surtout, mes relations. », a-t-elle déclaré.
Selon elle, l’entraînement polyvalent est essentiel pour que la forme physique soit non seulement fonctionnelle, mais aussi agréable. S’appuyer sur un seul type d’exercice, comme la course à pied, peut rapidement devenir monotone et conduire à l’épuisement professionnel. C’est pourquoi Mary mélange sa routine d’exercice et essaie de nouvelles choses. Elle a découvert un tout nouveau monde d’activités passionnantes, grâce aux encouragements de sa fille. Le cyclisme, l’entraînement par intervalles, l’haltérophilie, le Pilates, le yoga et même le ski de fond en hiver font partie de son programme d’entraînement croisé. Elle a ajouté: «5K semblaient un long parcours, mais maintenant je dois courir 5K avant de me sentir réchauffée. C’est incroyable de penser qu’à 55 ans, je me sens plus en forme qu’à 25 ans. Et j’espère ressentir la même chose quand j’aurai 75 ans.»
Mary admet qu’elle a eu la chance d’avoir le soutien de tant de coureurs d’élite, d’entraîneurs, d’enseignants, de conseillers, de membres de sa famille, de ses amis, de son partenaire de vie et de sa fille qui l’ont poussée à devenir la femme qu’elle est aujourd’hui. Elle a été en mesure d’établir un record personnel l’année dernière, même si elle ne courait qu’un maximum de 4 à 5 fois par semaine parce qu’elle faisait un entraînement polyvalent. « Les preuves montrent que c’est mieux de moins s’entraîner en vieillissant et il est possible de moins courir lorsque vous faites un entraînement polyvalent », a-t-elle déclaré.
Au fil des ans, elle a pris une pause de la course, investissant son temps à prendre soin de sa fille, à entraîner les nouveaux coureurs, à faire du bénévolat et à bâtir sa carrière. Mais au cours des 7, 8 dernières années, elle a ravivé son amour pour la compétition et a recommencé à participer à des courses. L’automne dernier, elle a réalisé son record personnel au Marathon P’tit Train du Nord, avec un chrono de 3:08:55, gardant un rythme moyen de 4:29 et terminant première dans son groupe d’âge. L’automne dernier, elle a réalisé son record personnel au Marathon P’tit Train du Nord, arrêtant le chrono à 3:08:55, gardant un rythme moyen de 4:29 et terminant première de son âge groupe. Au Marathon by the Sea, l’an dernier, elle a terminé les 30 km en 2:14:16, avec une allure moyenne de 4:29, terminant troisième au classement général. Malgré ses performances remarquables, elle reconnaît également la valeur de la course pour le plaisir, sans aucun plan ou programme spécifique en tête. « Je crois que cette flexibilité dans mon approche d’entraînement m’a permis de rester passionnée par la course à pied et d’éviter l’épuisement professionnel ou une blessure », a-t-elle déclaré.
Mary espère inspirer les autres à se mettre à la course à pied ou à toute forme d’exercice, et montrer qu’il n’est jamais trop tard pour commencer. Elle croit que tant que vous avez la motivation et la discipline, vous pouvez réaliser tout ce que vous voulez. La course à pied est son compagnon constant depuis plus de trois décennies, et elle espère qu’elle continuera de l’être pendant de nombreuses années à venir. Sa devise est d’être toujours gentille avec tout le monde, car vous ne savez jamais leur histoire ou comment ils ont passé la journée.
Mary vit à Fredericton avec son partenaire Conrad Boissonnault. Sa fille, Stéphanie, vit à Halifax.
Traduction française par : Léonie Rutanga